Départ imminent [Mani' chéri]

Le jeune romain avait laissé Arthurus faire son baluchon à la villa Aconia. Il rentra avec hâte chez lui, en compagnie de sa petite femme. Tous les trois avaient rendez-vous tôt le lendemain matin pour le grand départ. Lorsqu'il ouvrit la porte de leur maison, il vit que Licinia avait déjà préparer leurs bagages. Elle était très heureuse que Manilius et Arthurus acceptent qu'elle les accompagne en Bretagne. Car, c'était la première fois que la jeune femme partait en voyage. Dès qu'ils furent rentrés, la romaine lui sauta dessus pour embrasser amoureusement son mari.

" Dis moi Appius! Comment je suis? Je veux pas être moche pour mon premier voyage. Je veux pas qu'on voit que moi, parceque je suis pas bien habillée. C'est quoi le genre des femmes là-bas? Je passerais pas pour une greluche? "

Appius ne put s'empêcher de sourire. Sa femme se posait vraiment des questions inutiles. Elle avait tout le temps peur de faire honte à son époux. Pourtant, le soldat romain était très fier de s'être marié avec Licinia. Depuis qu'ils s'étaient rencontrés la vie de Manilius avait considérablement changée. Il était heureux, chaque jour lui réservait son lot de surprise. Et l'amour que portait ce dernier pour son épouse ne faisait qu'augmenter.

- Licinia, tu es superbe. Les femmes de Bretagne sont des vaches laitières à côté de toi.

Pour être franc, lors de son dernier voyage à Logres, le jeune romain n'avait pas vraiment eu le temps de s'attarder sur les nanas du pays. Il avait préféré rester concentré sur sa mission qui avait été d'aider Arthurus. Et puis, Manilius avait une femme plutôt bien foutue, alors pourquoi courir les plumards des bretonnes?

Licinia, heureuse du compliment que lui avait fait son mari, le serra dans ces bras avec amour et tendresse. Lorsque le couple était seul, cette dernière se montrait sous un autre jour. C'était une tout autre femme. Elle avait toujours surprit le jeune romain, de part sa manière d'agir et de réagir et par la façon et du moment où elle lui montrait tout l'étendue de l'amour qu'elle lui vouait.

Elle se faisait vraiment des cheveux pour pas grand chose. S'il y avait bien quelqu'un qui allait risquer sa peau pendant cette épopée, c'était bien Licinia. Elle n'avait aucune expérience militaire, ni quelconque compétence au niveau stratégie. Quoi de plus normal, les femmes ne font pas l'armée! Ce serait donc elle qui allait être la plus exposée. Manilius était bien décidé à ne pas lâcher sa femme d'une semelle durant tout le voyage. Il était hors de question qu'il lui arrive quelque chose. Le premier crétin qui la blesse ou qui lui fait le moindre mal, il finirait empalé en haut du mat du bateau!

Une fois que Licinia entraîna son mari sur la couche, elle se mit à l'embrasser, de manière incessante, comme si elle craignait qu'il lui échappe, qu'il la quitte. Ce qui, bien sur, n'arriverait pas. Appius l'aimait de toutes ses forces. Depuis qu'ils se connaissaient, jamais ce dernier n'a pu lui résister une seule fois. Elle était le genre de femme charismatique, qui n'avait nullement peur de dire ce qu'elle pense, et qui avait de l'audace à revendre. C'était cette assurance qui brillait dans les prunelles de Licinia qu'aimait par dessus tout le jeune romain.

Comment lui répondre non? C'était tout simplement impossible. Jamais Manilius n'a pu lui refuser quoi que ce soit. Il resserra son étreinte et couvrit sa femme de baiser, tous plus longs et tendres les uns que les autres. Le soldat profita de cette nuit pour montrer à Licinia toute l'étendu de l'amour qu'il éprouvait à son égard, de peur que cette occasion ne se représente plus avant longtemps, ou même plus du tout. Cette douce nuit fut ponctuée de "Je t'aime" et de caresses. Le couple ne se fatigua qu'au beau milieu de la nuit, lorsque la lune trônait dans la voute céleste.

Allongé sur le lit, Appius songeait. Dans quelque heure, Licinia, Arthurus et lui seront sur le bateau afin de gagner la Bretagne. Désormais, il n'avait plus d'avenir à Rome. Tout ce qu'il avait bâti ici, il devrait le reconstruire dans le Royaume de Logres, si tout ce passe bien. Tout cela préoccupait le jeune homme. Mais il devait aller de l'avant, et rencontrer son destin. Manilius se tourna vers sa femme. Elle était restée silencieuse. On aurait dit que quelque chose n'allait pas.

Non, ce n'était pas possible. En attendant ces mots, Manilius se redressa sur le lit. Il ne s'attendait pas à cette grande nouvelle! Licinia était enceinte. Depuis le temps qu'elle le désirait cet enfant. Lui, il ne s'était jamais posé la question. Après tout, si sa femme était heureuse, lui aussi l'était. Alors avoir un bébé, pourquoi pas mais là maintenant ... Ça tombait un poil trop tôt. Dans quelques heures, ils partiraient pour la Bretagne. Tout les trois. Enfin, tout les quatre! Appius s'était fait à l'idée que sa compagne prenne part au périple, puisqu'elle avait promit de ne prendre aucun risque. Mais voila qu'elle avait un marmot au four! Bien évidemment, Licinia s'était gardée de confier à son mari qu'ils attendaient un heureux évènement. Car s'il l'aurait su plus tôt, jamais le jeune romain n'aurait accepté qu'elle les accompagne en Bretagne!

- Un bébé? Lici ...

Manilius croisa le regard de la romaine. Visiblement, elle était surprise qu'il ne soit pas plus enthousiaste. Alors, le soldat posa sa main sur le ventre encore un peu plat de sa femme et le caressa prudemment. Pour être franc, il ne s'était jamais vraiment imaginé être père. Il ne put s'empêcher de sourire en pensant à leur futur petite famille. Après tout, l'arrivé d'un enfant est une très bonne nouvelle! Mais tout cela remettait en cause le départ de Licinia. Il n'était plus question qu'elle soit du voyage! Elle attendrait sagement à Rome que son mari revienne la chercher une fois qu'Arthurus et lui même auront réglés tous les problèmes de Logres.

- Mais, tu vas rester ici. Le temps qu'Arthurus récupère son trône.

La jeune romaine avait les larmes au bord de ses jolies prunelles. Normal qu'elle soit triste. Son mari la laissait derrière lui, à Rome, alors que lui partait à l'aventure en Bretagne pour aider son ami d'enfance. Le couple allait être séparé pendant un bon bout de temps. Peut-être même pour toujours, si Manilius perdait la vie au combat. Mais bon, pour ce dernier point, il ne se faisait pas trop de soucis. Pour se qui était de se battre, il se débrouillait plutôt pas mal. Depuis combien de temps fréquentait-il la Milice Urbaine? Pour être franc, Appius ne comptait même plus les années, car même si c'était une caserne de seconde zone, niveau de l'apprentissage martial, il était bien armé!

Bizarrement, Licinia accepta de rester à Rome le temps que son mari parte en Bretagne. Le jeune homme était surpris, d'habitude elle ne se laissait pas convaincre aussi facilement! Elle devait cacher quelque chose ... Mais bon, tant qu'elle ne se mettait pas en danger, tout irait pour le mieux.

Dès qu'Arthurus lui avait parlé d'un voyage, Manilius avait songé au couple d'amis pour veiller sur sa petite femme. Car tout les quatre, ils se voyaient très souvent. Pour les repas, les promenades et aussi lorsqu'ils n'avaient plus de citrons pour assaisonner les plats. Bref, les deux couples s'entendaient vraiment bien. Alors, Vérinus et Julia pouvaient bien garder un œil sur Licinia, juste le temps qu'Appius ne s'absente.

Il était vrai que Licinia ne pouvait pas vivre éternellement avec Julia et Vérinus. Qu'adviendra-t-il du bébé si jamais le jeune romain ne reviendrait pas? Il sera élever sans père? Se dire qu'Appius ne connaitra pas cet enfant lui faisait mal. De plus, il voulait prendre soin de sa petite femme pendant la grossesse. C'était peut-être pas plus mal que cette dernière soit du voyage. En espérant, bien sur, que tout ce passe pour le mieux.

- Bon, d'accord. Tu vas venir avec nous. Mais je te préviens, au moindre pépin tu te caches ou tu t'enfuis. C'est clair?

Manilius regardait la romaine droit dans les yeux. Il ne pouvait pas se permettre de la perdre. Il tenait trop à elle! Alors que lui était on ne peut plus sérieux, Licinia elle, souriait. Plus le jeune homme pensait à elle, plus il se disait qu'elle était la plus belle chose qui lui soit arriver. Alors, il déposa un tendre baiser sur les lèvres douces de sa femme et se mit à caresser son ventre, qui allait s'arrondir au fil des mois. Appius se mit à imaginer les prochaines années de cette vie à trois. Il songea à un petit garçon aux boucles sombres, qui pour jouer se battait avec un rudius que son père lui avait offert. Comme il avait hâte de savoir s'il allait avoir une fille ou un fils. Mais qu'importe, ils seraient heureux tous ensemble.

Pour tout dire, le futur papa n'avait pas encore eu le temps de réfléchir au prénom de leur enfant. Il décida donc se s'accorder quelques secondes pour y songer. Il prit son menton dans sa main, et fit marcher ses méninges. Il voulait un nom original, pas porté par tous les petits romains et petites romaines. Appius regarda sa compagne, en espérant y trouver une certaine inspiration. En la voyant, si resplendissante il ne pût s'empêcher de l'embrasser. Puis il cessa brusquement les preuves d'amour à contre-cœur, se disant que Licinia le déconcentrait. Cette dernière feint une petite moue boudeuse, à laquelle le jeune romain répondit par un petit rire d'amusement.

- Attends deux secondes! Je cherche un prénom pour le bébé ...

Pour contenter Licinia, le temps qu'il ait une idée, il l'embrassa un dernière fois et continua ses recherches. S'il n'avait jamais songé au nom de son enfant, c'est qu'il n'avait jamais imaginé en avoir un. Ni une femme d'ailleurs. Il s'était toujours dit qu'une romaine ne serait ô grand jamais assez dingue pour épouser un homme comme lui, tellement immature. Depuis toujours, il avait pensé que son talent de se fourrer dans des situations pas possible repoussait les filles. Bien au contraire. Elles se jetaient toutes dans ses bras, en espérant une relation éternelle. Mais Manilius ne leurs offrait qu'une nuit inoubliable. Mais avec Licinia, ça s'était pas passé ainsi. Il était tombé complétement sous le charme de la jeune femme. Il était amoureux.
Et aujourd'hui, le soldat de la Milice Urbaine était heureux d'avoir sa petite femme à ses côtés, et d'être là, sur leur lit, en train d'essayer de trouver un joli nom pour leur enfant. Son imagination lui renvoya encore une fois, l'image du petit garçon jouant avec son rudius. Appius tenta de mettre un prénom sur le visage du gamin.

- Marcus. Ou Sirius, ça te plait?

Puis, le jeune homme se mit à rêver d'une fillette aux charmantes boucles brunes, trônant dans les bras de Licinia, lui faisant un petit signe de la main. Elle lui ressemblait tellement. Tout le portrait de sa mère. Ça promet une très belle progéniture!

- Pour une fille ... Kaeso c'est original! Numeria aussi. Mais si t'aimes pas, on prend pas!

Tout allait pour le mieux. Très bientôt, Licinia et lui allaient quitter Rome la cité déchue qui où la sécurité laissait à désirer pour partir en Bretagne. Là-bas ils aideraient leur ami Arthurus a récupérer son royaume. Une fois cela accomplie, ils pourraient vivre heureux. Tous ensemble. Ils formeraient une véritable petite famille avec le bébé. Il aurait même le Roi de Logres pour parrain. Manilius pensa que c'était vraiment la classe. Il embrassa le front de sa femme, qui était assise sur les genoux, et la serra passionnément dans ses bras. Tout avait bien changé depuis 15 ans. Le couple n'était plus pauvre. Même si ne vivaient pas dans le quartier des villas, ils étaient désormais beaucoup plus aisés, puisqu'Appius avait monté en grade. Sa paye avait donc augmenté en conséquence. Leur niveau de vie avait augmenté. Licinia n'était plus obligée de voler pour pouvoir se nourrir. Le soldat soupira de bonheur.

- Ouais, on va être bien ensemble. Dommage que Julia et Vérinus ne partent pas avec nous ... 'Fin, on peut pas les obligés.

Après tout, si ils avaient envie de rester à Rome c'était leur problème. Ils ne savaient pas ce qu'ils rateraient! Manilius regarda par la fenêtre et constata que l'aube se profilait à l'horizon. C'était bientôt l'heure. Il fallait que le couple fasse ses adieux à la demeure où il avait vécu pendant près de vingt années. Ils avaient passé beaucoup de bons moments ensemble ici, mais il fallait quitter ces lieux pour se diriger vers l'avenir. Le soldat saisit deux capes sombres, se vêtit d'une et tendit l'autre à sa femme.

- Aller Lici', c'est l'heure.

Appius prit leurs baluchons et sourit à l'amour de sa vie.

Alors que le couple s'apprêtait à sortir afin de se rendre au port de la cité, leur ami Vérinius arriva dans la maison et bloqua le passage. Le marchand de citron était à bout de souffle, il avait du courir dans le but de les intercepter avait qu'ils quittent le pays. Mais que faisait-il chez eux à cette heure-ci? C'était le petit matin, l'heure du rendez-vous avec Arthurus. Il ne fallait surtout pas être à la bourre! Le soldat décida de ne rien dire et de le laisser expliquer les raisons de sa présence ici. Il prit une grande inspiration et il se lança dans les explications.
Il souhaitait faire partie du voyage, venir avec eux en Bretagne! Le centurion ne put s'empêcher de sourire. Son pote Vérinius aller les accompagner. C'est Arthurus qui aller être content!

- Mais bien sur qu'on veut que tu viennes! On était justement sur le point de partir ... t'as préparé ton baluchon?

Appius passa son bras derrière Licinia, la serra contre lui et embrassa son front. Elle ne serait pas seule, sa copine Julia lui tiendrait compagnie. Manilius chercha des yeux cette dernière. Elle n'était pas avec Vérinius. Tiens, bizarre ... D'habitude, ces deux là ne se quittaient jamais. Depuis le départ d'Arthurus pour Logres il y a quinze années, ils s'étaient beaucoup rapprochés. Et finalement, la jeune blonde avait accepté la demande en mariage du marchand. Son absence étonna le soldat. Pourquoi n'était-elle pas aux côtés de son mari? Elle ne souhaitait pas quitté la cité en ruine?

- Euh ... elle est pas là Julia?