L'annonce d'un départ, et triste moment. || Belerwen.

Voilà maintenant plus d’un mois que Bohort était rentré de Tintagel. Il s’y était rendu pour rendre hommage au Roi Arthur, qui d’après un message de sa mère, était mort. Quel bouleversement pour le Chevalier lorsqu’il apprit cette nouvelle. Déjà, tout allait mal, Karadoc à la tête du Royaume, lui qui avait tenté de se tuer… Mais au moins, il était toujours en vie. Alors lorsqu’il apprit son décès, Bohort en fut plus qu’attristé, et il partit bien suite pour Tintagel dès l’annonce de cette nouvelle. Fort heureusement, arrivé là-bas, on lui annonça de le fils Pendragon était toujours bien vivant. Quel soulagement ! Quelle joie il avait ressentit. Mais lorsqu’il le vit, allongé dans son lit, dans sa chambre, toujours faible, il souhaita très fort que cela ne soit jamais arrivé. Que Lancelot n’ait pas abandonné Kaamelott, qu’il n’ait pas voulu tuer Arthur, et que lui de son côté, n’ait pas porté le message d’amour à la Reine de la part de Lancelot. Seulement voilà, c’était comme ça.
D’ailleurs, il n’avait pas accepté le fait que Dame Cryda ait laissé entrer Lancelot dans la chambre du Roi. Il n’était pas venu pour le tuer, qu’il disait. Ca n’empêcha pas Arthur de faire une grosse erreur en lui confiant le Royaume. Pourquoi avait-il fait cela ? Certes, le Seigneur Karadoc n’était pas fort pour gouverner, mais lui au moins n’était pas fou.

Lorsqu’il apprit que le Chevalier Blanc chassait tous les chevaliers, il décida d’escorter Gauvain jusque chez lui. C’était encore un jeune chevalier, et laisser son protégé seul aurait été pure folie. Puis lorsqu’il l’eût conduit en Orcanie, Bohort décida de rentrer chez lui, à Gaunes. Il avait grand besoin de revoir sa femme, et sa famille. Ce fut d’ailleurs avec une joie immense qu’il fut accueillit chez lui. Il en profita pour passer beaucoup de temps avec ceux qu’il aimait. C’était tellement agréable pour lui d’être près de sa famille, il les voyait tellement peu depuis qu’il était à la Table Ronde. Seulement, il savait qu’il n’était nullement en sécurité ici. Lancelot savait d’où il venait, il ne tarderait donc pas à envoyer des hommes à lui pour venir le chercher. Et plus il ne voulait pas mettre les autres en danger.

C’est donc après une longue nuit de réflexion qu’il prit sa décision. Il devait partir pour la Carmélide, c’était certainement l’endroit le plus sûr. Et ainsi arrivé là-bas, il pourrait prévoir quelque chose avec le Seigneur Leodagan. C’était certainement la meilleure personne à aller voir dans cette situation.

Au petit matin, alors que ses enfants étaient avec leur grand-père, il profita d’un moment seul avec son épouse pour lui parler de son projet de départ. Il savait que cela l’attristerait, mais c’était là la meilleure solution. Seuls dans leur cuisine, il regarda alors Belerwen.

- Mon amie, vous savez le bonheur que je ressens à être de nouveau avec vous. Seulement, j’ai quelque chose à vous annoncer.

Il prit alors une profonde respiration, puis il ajouta :

- Je vais partir, de nouveau. J’ai l’intention de me rendre en Carmélide chez le Seigneur Leodagan.

Sans savoir pourquoi, elle s'y attendait. Tout au fond d'elle, elle avait su que son époux ne resterai pas très longtemps parmi les siens. Belerwen sentit les larmes monter. Et avant de prononcer de moindres paroles, elle prit une profonde respiration. Cela ne servit pas à grand chose. Alors elle décida de faire ce qu'elle faisait à chaque fois qu'elle sentait le chagrin la submerger ; de l'humour.

Elle avait dit ça sans réfléchir, mais elle savait quelle était la véritable raison du départ de son mari. Il devait à tout prix se rendre en Carmélide, afin de remédier à la funeste destiné des chevaliers. Elle s'en voulait de prier les dieux pour que Bohort reste à ses côtés.
Belerwen le regarda. Les yeux de son époux étaient tristes. Bien évidemment que ce futur départ lui déchirait le cœur. Elle prit son air déterminé, afficha un sourire doux et serein. Sa main atteignit la joue de Bohort, et d'une manière maternelle, elle chuchota :

Bohort aurait pu se sentir indigné par la réponse de sa femme, lorsqu’elle demanda s’il préférait la présence de Leodagan à celle de sa famille. Mais il savait très bien qu’en disant ça, elle cachait une grande tristesse. Il la connaissait bien maintenant, cela faisait longtemps qu’ils étaient mariés. Il n’aimait pas lui apprendre de tristes nouvelles, il ne supportait pas la voir ainsi, seulement là, il n’avait vraiment pas le choix. Il lui souria alors, un sourire qui se voulait réconfortant. Puis elle porta sa main à sa joue. Le Chevalier mit la main sur la sienne, mais elle répondit alors :

" Je veux partir en Carmélide avec vous. "

Bohort lui prit alors la main qu’elle avait porté à sa joue et la serra dans la sienne. Partir en Carmélide avec lui ? Mais quelle folie, c’était quelque chose qu’il ne pouvait pas accepter. Il le savait bien, son nouveau départ allait être difficile pour elle. Ils avaient repris leur habitude de vie de famille depuis son retour, malgré le fait qu’il avait sans cesse peur de l’arrivée d’un homme en blanc. Mais au moins, ils avaient presque repris une vie normale. C’était évident qu’elle ne souhaitait pas se séparer de lui. Seulement c’était bien trop dangereux. Rien que les bêtes qu’ils pouvaient rencontrer représentaient un danger, alors les chevaliers de Lancelot, il ne fallait même pas en parler…

- Je ne peux vous laisser m’accompagner. Voilà un périple bien trop dangereux pour vous.

Et s’ils tombaient sur des bandits de grand chemin ? La Carmélide était bien loin du continent. Le voyage s’annonçait dangereux.

- Et puis, pensez aux enfants, ils ont besoin de vous durant mon absence.

Malgré tout, sa compagnie lui aurait été agréable, il aurait aimé ne pas avoir à la quitter de nouveau, mais ce qu’elle lui demandait était impossible. Il ne pouvait pas le permettre. Déjà, lorsque son frère était venu avec lui, il se faisait du souci, alors là, sa femme… Et s’il lui arrivait quelque chose ? C’était une pensée qu’il ne voulait même pas avoir.

Oui. Bien sûr que ce périple allait être dangereux. Elle s'en doutait. Depuis son arrivé, Bohort n'avait cessé de lui conter ce qu'il s'était passé à Kaamelott. Excalibur, replantée dans son rocher. Arthur, exilé pour sa propre sécurité. La Table Ronde, brûlée par le nouveau souverain. Les chevaliers, traqués et tués. C'était le chaos.

" Et puis, pensez aux enfants, ils ont besoin de vous durant mon absence. "

Les enfants n'étaient pas véritablement un soucis, en comparaison aux problèmes actuels que devaient affronter les camarades de son mari. De plus, l'aide de Belerwen ne serait pas de trop. Elle voulait à tout prix accompagner son époux.
Un caprice de femme, sans doute. Mais si Bohort ne souhaitait pas qu'elle vienne, elle n'insisterait pas.

- Bien, je resterais ici. Mais faites moi une promesse.

Belerwen scruta les yeux de son cher et tendre. Il semblait rassurer à l'idée qu'elle se laissa convaincre de rester à Gaunes pendant son absence. Il devait penser que son épouse allait le prier de ne prendre aucun risque inutile durant le voyage et de lui revenir au plus vite. Où quelque formule dans le même genre. Il allait être déçu.

- De retour de Carmélide, vous viendriez ici, me chercher. Et ensemble, nous repartirons sauver vos compagnons.

Bohort était vraiment soulagé lorsque sa femme accepta de rester en sécurité à Gaunes. La savoir en danger l’aurait rendu trop inquiet. Il l’était déjà énormément pour lui-même, pas la peine de s’inquiéter d’avantage. Il se demandait bien comment il allait pouvoir atteindre la Carmélide, seul. Il fallait qu’il parle un peu avec son père avant, il réussirait certainement à le motiver, à le rendre plus courageux, comme lui l’était autrefois. Son frère voudrait peut-être même l’accompagner, mais Bohort ne tenait pas à revivre ce qu’il avait vécut lorsqu’il était venu à Kaamelott. Du souci pour lui-même était largement suffisant.
Belerwen lui demanda alors de lui promettre quelque chose. Effectivement, le Chevalier pensa qu’elle lui dirait de faire attention, de s’éloigner le plus possible du danger, et ne pas prendre de risques. Choses qu’il ferait certainement d’ailleurs, il avait toujours évité le danger. Du moins, jusqu’à ce que Lancelot devienne Régent. Depuis, il avait tenté de mettre ses peurs de côté pour aider ses compagnons. En se rendant en Carmélide, il espérait vraiment savoir comment ils allaient.

Il attendit alors que sa femme termine ce qu’elle voulait lui dire, la regardant dans les yeux et ne lâchant pas sa main qu’il serrait toujours dans la sienne. Mais il la lâcha, par surprise, lorsqu’elle lui demanda de venir la chercher à son retour de Carmélide. Décidément, elle était très déterminée à l’aider, encore plus qu’il ne le pensait. Il était fier et heureux d’avoir une femme comme elle.
Il voulu refuser, protester, lui redire que cela serait trop dangereux. Parce que c’était le cas. C’était pure folie. Et elle devait l savoir. Seulement il savait que de s’y opposer ne servirait à rien, d’abord parce qu’elle insisterait certainement, et parce qu’il ne voulait certainement pas lui faire plus de peine que son départ lui en causait déjà. Et puis, elle lui demandait de promettre, il ne pouvait pas refuser cela à celle qu’il aimait.

- Très bien mon amie, je vous le promets. Lorsque je quitterai la Carmélide, je reviendrai vous chercher. Mais de votre côté, vous devrez me promettre de faire ce que je vous dirai. Si je vous demande de vous réfugier chez quelqu’un, ou bien de partir en courant, vous devrez le faire sans discuter.

Il ne voulait pas se retrouver dans une mauvaise situation, peut-être face à un Chevalier Blanc qui attaquerait, et la laisser se faire avoir. Il ne le supporterait pas.

Très bien mon amie, je vous le promets. Lorsque je quitterai la Carmélide, je reviendrai vous chercher. Mais de votre côté, vous devrez me promettre de faire ce que je vous dirai. Si je vous demande de vous réfugier chez quelqu’un, ou bien de partir en courant, vous devrez le faire sans discuter.


Belerwen fut grandement étonnée, que son époux accepte qu'elle soit du voyage à son retour de Carmélide. Un sourire satisfait s'épanouit sur ses jolies lèvres. Elle serra fort les mains de Bohort, afin de lui faire partager sa joie. Depuis qu'elle était petite, elle avait toujours essayée de transmettre son bonheur, à qui que ce soit. Mais aujourd'hui, son mari semblait complétement hermétique. Il ne souriait pas, il la regardait, ahuri, sans comprendre la raison de sa joie enfantile. Il avait l'air d'attendre qu'elle réponde à ses dires. Alors, Belerwen tenta de se calmer et décida de le rassurer :

-Je vous le promet! Je vous le jure! Je ferais tous ce que vous me direz!

Bohort la regarda sévèrement. Elle lui répondit d'un sourire malicieux. Elle en avait fait la promesse; elle se tiendrait tranquille. Mais ça ne serait pas facile pour elle. Belerwen prenait toujours tout à cœur. La moindre chose la rendait heureuse ou triste. Cela lui donnait un petit air naïve qui lui allait à merveille. Mais en même temps, le départ prolongé de son mari pour Kaamelott, l'avait rendu un peu plus solide. Ce projet de voyage en compagnie de Bohort l'a rendait joyeuse. Joie, que visiblement, son époux ne partagait pas avec elle. Il a toujours eu le don de s'inquièter pour une broutille. C'était un homme sensible et raffinée, un homme comme Belerwen les aime. Il y avait, entre eux, une grande complicité. Ils ne formaient pas le genre de couple qui se disputaient pour un oui ou non. Ils s'entendaient à merveille, et veillaient l'un sur l'autre. Il suffisait que le premier tombe à terre pour que le second court l'aider. Bohort et Belerwen étaient complémentaires.

Malgré sa promesse, il se semblait pas très rassuré. Il devait surement craindre qu'à la dernière minute, elle décide de le suite en Carmélide. Belerwen sentait bien son angoisse.


- Mais puisque je vous promet de me tenir tranquille jusqu'à votre retour! Détendez-vous mon ami!

Cette fois-ci, il semblait la prendre au sérieux et il sourit de cette promesse.

Sa femme lui promit qu’elle ferait ce qu’il lui dirait. Et il savait bien qu’elle tenait toujours ses promesses. Et pourtant, il n’en était pas plus rassuré. Pourquoi ne pouvait-il rien lui refuser ? Certainement parce qu’il l’aimait plus que tout. Et ce depuis bien longtemps. Ils avaient toujours été ce couple si beau, après tout, ils s’aimaient, et dans un sens, ils se complétaient tout en se ressemblant. Ils étaient bien différents des couples que Bohort avait l’habitude de voir à Kaamelott, tels que Seli et Leodagan, ou même Arthur et la Reine. Heu, ils s’aiment, et ça se voyait. C’est pourquoi malgré sa promesse, Bohort gardait ce regard qui se voulait sévère, afin qu’elle comprenne bien que malgré tout, l’idée de la mettre dans un tel danger en lui plaisait. Mais de son côté, elle lui sourit, comment continuer à garder cet air énervé alors qu’elle semblait si ravie de l’accompagner ?

Mais savait-elle au moins vraiment ce qui l’attendait ? Le Chevalier lui en avait beaucoup parlé, de Lancelot qui avait quitté Kaamelott, Arthur qui tenta de se tuer, puis qui donna le pouvoir au Chevalier Blanc. Et ce dernier qui se mit en tête de tous les tuer. Mais bon sang, qu’était-il donc passé par la tête de son cousin pour qu’il réagisse ainsi ? Le Roi lui avait accordé de nouveau sa confiance, et lui, qu’en faisait-il ? Au lieu de l’honorer, il le trahit d’avantage. C’était inadmissible !
Mais tant qu’il n’arrivait rien à sa femme bien aimée, Bohort savait qu’il avait toujours une raison de sourire, et d’espérer. Le fait de l’avoir auprès d’elle le faisait se sentir bien. Si bien. Il se sentait pousser des ailes. Elle lui donnait même parfois du courage. Comme ce jour où il était partit combattre des bandits qui avaient osés s’en prendre à elle. Il leur aurait volontiers mit une sacré déculottée !

Voyant que son mari ne semblait pas rassuré, Belerwen lui dit alors de se détendre, qu’elle promettait de se tenir tranquille. Bon après tout, si elle le promettait, ne pouvait-il pas se détendre un peu ? Il savait bien qu’il pouvait lui faire confiance. Et puis, autant profiter de ces derniers moments avec elle.
Il afficha alors un sourire et regarda son épouse.

- Vous avez raison, pardon, je vous fais confiance. Mais vous savez que je m’inquiète pour vous. Ne parlons plus de cela pour le moment, voulez-vous ?

Son mari semblait aller mieux. Il avait l'air rassurer de la promesse que son épousée lui avait faite. Tant mieux. Il ne voulait plus parler des mésaventures qui les attendaient? Soit. Pour les préparatifs du départ, ils verront cela ensemble plus tard. Pour l'instant, il fallait profiter du présent, avant que le futur les sépare de nouveau.
Rien que d'y penser, Belerwen perdit son sourire d'enfant. Elle baisa les yeux, afin que Bohort ne remarque pas son changement d'humeur. Si elle était triste, il l'était également. Pour se donner du courage, elle songea au retour de son mari de Carmélide. Au voyage qu'ils allaient entreprendre main dans la main. Sentant qu'elle avait chassé son chagrin, elle osa le regarder. Visiblement, il n'avait rien remarquer. Heureusement.

- D'accord. N'en parlons plus.

Elle le prit par la main et l'entraîna dehors. Il faisait beau, le ciel était azuré et parsemé ça et là de quelque nuage. C'était un temps parfait pour la cueillette des champignons. Elle savait que Bohort adorait cette activité. Et quand ils rentreraient, il lui mijoterait une succulente omelette aux champignons, comme seul lui sait les faire.
Rien qu'un aperçu d'un repas avec lui remplit Belerwen de joie. Elle s'approcha de son époux et lui donna un baiser.

- Vous m'êtes très précieux, mon ami.